Les cinq rappeurs de H-Kayne marchent comme un seul homme vers le succès. Leur rap total, jamais à court d’inventions, notamment dans le maniement de la darija, conquiert les foules. Et ils libèrent le genre de son image sulfureuse.
Casablanca, 10 h 30, les H-Kayne prennent leur petit déjeuner dans l’appartement d’un ami aux environs du Twin Center. Le groupe de rappeurs meknassis est presque au complet, il ne manque que Khalid, le cinquième comparse DJ, un zmagri à cheval entre la France et le Maroc. Othman, Hicham, Azzedine et Adil ont les yeux encore ensommeillés. Ils se sont couchés tard la veille, après avoir enregistré à 2M leur passage télé à “Assahratou lakoum”. C’est la première fois qu’un groupe de la nouvelle scène marocaine passe dans une émission grand public, “pour les ménagères de moins de 50 ans”, précise Hicham, ancien étudiant en information et communication, très au fait du langage marketing télévisuel. Il semble loin, le temps où Médi1 refusait de passer un morceau des H-Kayne où ces deniers parlaient de hrig : “On racontait quoi, au fond ? Juste la réalité”, précise Azzedine. Sur le plateau de 2M, l’accueil fut beaucoup moins frileux. Imad Ntifi a lui-même insisté pour programmer les H-Kayne, malgré les réticences de la direction de la chaîne d’Aïn Sebaâ : “Imad Ntifi avait cependant l’air très étonné de nous voir recueillis récitant la fatiha avant de commencer l’enregistrement”, raconte Azzedine. Cet acte de foi, répété avant chaque concert, ne correspondait pas à l’imagerie bad boys du rap telle qu’elle est perçue par le public. À ce titre, les préjugés sont encore tenaces : “Un membre de l’équipe de tournage de 2M est venu nous voir après notre passage en nous reprochant d’avoir tenu des propos vulgaires. Il avait mal entendu et interprété à sa manière les paroles du morceau tout simplement, victime des a priori sur le rap.”
Les débuts meknassis
Aujourd’hui, H-Kayne récolte les premiers fruits de la renommée, signe des autographes dans les rues de Meknès à des gens qui, il y encore cinq ans, les “prenaient pour des voyous à cause de [leur] look hip hop”. ”C’est marrant d’ailleurs, grâce à la pub que nous avons tournée pour Danone, tout à coup nous sommes devenus fréquentables”, rapporte Hicham en souriant. À l’époque, leurs séances de hip hop dans les rues de la capitale ismaélienne leur valaient de jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre. Rue de Paris, là où est née la génération rap meknassie, les quatre comparses forment un premier groupe (les Dogs) et se produisent pour la première fois le “26 février 1997”, déclarent-ils en chœur. Le concert a lieu à Dar Chabab, les futurs H-Kayne attirent 800 jeunes grâce à une campagne d’affichage qu’ils mènent dans tout Meknès. “Ce jour-là, nous avons sauté dans l’inconnu. Le public était debout, les bras croisés, curieux de voir ce que nous allions faire.” Fébriles, ils balancent leurs reprises West Coast sur des paroles en darija. La sauce prend, et ils resservent les plats au cinéma Caméra, un fleuron Art déco meknassi : “Il y avait tellement de monde qui était resté à l’extérieur que certains passants pensaient que c’était la journée ‘deux films pour le prix d’un’”, raconte en riant Othman. Les Meknassis y démontrent déjà leur sens du show et de la scène : “Nous jouons une pièce de théâtre où chaque membre du groupe a un rôle à tenir au micro”, explique à ce propos Azzedine. Leur rap total conquiert bientôt un public de plus en plus nombreux. Et même les forces de l’ordre devenues plus conciliantes : “Un flic m’a embarqué un jour dans son Estafette. Il voulait que je lui chante une de nos chansons où l’on parle du haschich. Il m’a relâché juste après”, raconte en riant Azzedine. Fawzi, vendeur de disques à Meknès, croit en eux tout de suite et les laisse répéter chez lui. “C’est le premier à nous avoir soutenus, nous lui sommes définitivement reconnaissants”, déclare Hicham. Peu de temps après, les quatre compères sont rejoints par Khalid. Hicham, parti en France pour ses études, rencontre ce dernier chez un ami. Khalid, DJ et compositeur de talent, écoute quelques morceaux du groupe. Il est conquis. L’arrivée de Khalid va apporter une dimension supérieure aux compères meknassis, notamment grâce à son sens de la mélodie. Les Dogs changent de nom : “On cherchait un truc dont tout le monde puisse se souvenir. ‘Ache kayne’ est une phrase que chacun répète plusieurs fois par jour. On ne pouvait pas trouver mieux pour marquer les esprits”, explique Adil. Leur réputation dépasse assez vite le microcosme meknassi pour gagner Casablanca, lors de l’incontournable Boulevard des jeunes musiciens en 2003. Ils y décrochent le Prix du meilleur groupe rap en 2003, année où la compétition, avec 13 groupes en lice, était très relevée. “H-Kayne est arrivé très professionnel avec une maquette et un dossier de presse. En écoutant leurs compositions, nous espérions qu’ils soient aussi bons sur scène. Ce fut le cas, ils étaient vraiment un cran au-dessus des autres. D’ailleurs, il n’y a pas eu de délibérations au moment du vote, H-Kayne avait fait l’unanimité”, confie un membre de ce jury.
Les moyens de la réussite
Fidèle à la philosophie “ultralibérale” du rap, les H-Kayne ne rejettent pas le succès ni la médiatisation. Ils recherchent celle-ci même, car, à leur sens, il faut s’appuyer sur des structures solides pour communiquer et populariser le rap. Ils reconnaissent à ce titre qu’être produit par Platinium leur a ouvert les portes de la télévision et de la radio. Leur dernier opus, HK 1426, en référence au calendrier hégirien, est d’ailleurs un bon exemple de leur pragmatisme rap. HK 1426, très attendu après leur premier album autoproduit (1 son 2 bled’art), est sorti la semaine dernière dans sa version luxe à 49 DH, avec un véritable plan média, un réseau de distribution (grandes surfaces pour l’essentiel), un clip pour accompagner le lancement et une politique de bas prix pour contrer le piratage. Ainsi, HK 1426 sera commercialisé en cassette à 14 DH dans quelques jours. Et en album non cartonné à 12 DH après le ramadan. L’album très abouti a été composé et enregistré en moins de trois mois. Issawa Style, le titre phare de l’opus, composé en un jour et enregistré aussi rapidement : “Nous travaillons toujours dans l’urgence quand il s’agit de passer à l’écriture. Même quand nous semblons ne rien faire, nous réfléchissons. Là, tu peux à un moment dire une phrase qui me marquera et sur laquelle je commencerais à chercher des rimes”, explique Adil. “En un sens, nous perpétuons la tradition du jazal meknassi”, ajoute Hicham. Dominique Caubet, dialectologue, admire “leur agencement musical et la richesse dans le maniement de la darija”. Cette dernière avait d’ailleurs programmé les H-Kayne lors de la présentation de son livre Les Mots du bled, sur Beur FM, radio de la communauté maghrébine en France. Elle prépare à l’heure actuelle un livre sur la nouvelle scène marocaine. H-Kayne y sera à l’honneur.
Un an et demi après leur premier album électrisant underground "1 son de Bled’Art", le groupe de Rap marocain H-Kayne est de retour avec un second opus intitulé "HK 1426".
H-Kayne bénéficient d’une grande notoriété entre les nombreux groupes de musique underground marocaine et s’affichent parmi les plus talentueux. Plus besoin alors de les présenter. H-Kayne ont passé tout l’hiver dernier dans les studios de Platinium Music à Casablanca et peaufiné dans les studio "Logilo Productions" à Paris (Grand nom de Hip hop en France), "HK 1426" est enfin un album qui n’a rien à envier de ce qui est fait ailleurs.
Les cinq membres du groupe ont travaillé dur : "Cet album est le fruit de notre passion. On s’est investi avec nos tripes. On le considère comme notre vrai premier album. Il est fait dans des conditions très correctes... Musicalement et artistiquement, il représente le vrai style et toute la labeur de H-Kayne", nous confie Othman, membre du groupe.
Très méticuleux sur le son, H-Kayne ont crée leur propre groove tout en respectant les bases du hip hop. Leur musique est riche en samples orientaux sur lesquels s’appliquent des rythmes électroniques adaptés aux dance-floors. Les scratch volent comme des couperets et répondent aux paroles déversées par les Mc’s... Difficile de s’ennuyer en écoutant leur album !
H-kayne ne vous laissent pas une seconde de répit : les cinq membres font sonner leurs mots avec des "flow" et un style propres à chacun d’entre eux. "H-K 1426" est à l’image du groupe : racines et modernité. L’album, plus abouti et plus captivant, est appuyé avec un premier vidéo clip tourné cet été à Meknès. Le clip "Issawa Style", tiré du single phare de l’album. Le tournage a eu lieu à Meknès avec l’équipe de "Pasqual", réalisateur des derniers clips de Rohff, Booba... H-Kayne y ont convié les jeunes de Meknès, ainsi qu’une troupe de Issawa qui se sont volontiers prêtés au jeu de "Issawa Style".
Le groupe H-Kayne existe déjà depuis 5 ans. Il s’agit de l’association entre "Dogs" groupe pionnier du rap au Maroc composé de "Sif L’Ssane", "HB2", "Ter-Hoor" et "3tmane" (Auteurs-interprètes) et de DJ khalid qui a magistralement représenté le Maroc lors des Championnats du Monde DJ (DMC 2000) en se classant parmi les 10 meilleurs Djs mondiaux. Le groupe est en période de promotion de l’album et nous a annoncé qu’il planifie plusieurs événements pour les prochains mois...
- H-KAYNE est l'association d'un groupe pionnier du rap au Maroc, (DOGS ou 15-3/MKS), qui était au départ composée de 3 personnes : Adil, Azeddine, Othman, (hatim poursuivait alors, en 1998 ses études à Montpellier)
- le groupe ou plutôt l'esprit du groupe est né vers 1996.A cette époque, tous passionnaient de HIP-HOP. Passant par toutes les étapes de cette culture : danse, chorégraphie, break-dance, ....ils ont finie par ressentir l'envie ou le besoin de s'exprimer, ce qui a donné les 1ers "free styles" et les premiers textes du groupe. A partir de là commença leur aventure...!!
- en février 2001 à Montpellier, DJ khalid fit la connaissance de Hatim, membre du groupe "DOGS" dont le succès est grandissant au Maroc. L'entente est parfaite, après avoir écouté le 1er album des DOGS "HDAW DOGS JAW" DJ khalid fut intéressée par un projet avec le groupe puisque leurs styles lui plut . Après de longues démarches, la formule DOGS + DJ KHALID a donné naissance au concept " H-KAYNE"
- Un an plus tard, le collectif au complet se retrouve à Meknès (Maroc) pour donner naissance aux premières productions H-KAYNE, mais l'enregistrement prévu à Montpellier est compromis à cause d'un incompréhensible refus de visa (un coup dur pour le groupe mais qui est loin de les décourager!). Ils décident de passer au plant "D" comme débrouille. En effet le groupe commence l'enregistrement de la maquette de l'album dans un studio de fortune aménagée dans une chambre de 9 m² avec des couvertures en guise d’isolation phonique ! Au bout de trois semaines la maquette est fin prête et le résultat est plus que convaincant !
- Le 30 mais 2003, H-KAYNE participe au « Boulevard des jeunes Musiciens » dans la ville de Casablanca (1ere scène du groupe !) et remporte haut la main le premier prix dans la catégorie RAP, HIP-HOP. Une prestation qui ne passera pas inaperçue, les sollicitations affluent et le nom d’H-KAYNE est sur Toutes les lèvres des amateurs de HIP-HOP !
Le 24 juin, le groupe continue sur ça lancée en donnant un concert d’une heure et demie à l’institut français de Meknès
devant un public venu en masse ; l’i.f affichera complet ce soir là ! Grâce à cette prestation H-KAYNE se verra proposer une tournée dans plusieurs instituts français du royaume courant 2004
- Actuellement, H-KAYNE viennent de commercialiser leurs 1er album « UN SON 2 BLED’ART » depuis le 20 janvier 2004, en vente sur Casa, Meknès, Ifrane bientôt sur Rabat et Fès ! Le groupe continue son chemin en espérant qu’il les mène à une notoriété qui ne serait être que le reflet d’une réussite artistique mêlant originalité et créativité sur fond de rapprochement culturel.
De Paris à Angers en passant par Dijon, H-Kayne et leur rap vert et rouge ont sillonné les routes françaises pendant trois jours aux côtés du groupe Dub Incorporation : Après avoir longuement trimé, ce groupe phare de la scène hip-hop marocaine gravit les marches et compte succès, reconnaissance, encouragements et appui au Maroc et ailleurs. Avant de s'en retourner à leur ville natale, nos cinq rappeurs se sont prêtés avec spontanéité et modestie au jeu d'une interview au-delà des frontières.
H-kayne à Paris, c'est une première... D'autant plus que vous êtes le premier groupe de Rap marocain à jouer au Bataclan… Qu'est-ce que ça vous fait ?
Hatim : Etre le premier groupe de rap marocain à passer au Bataclan, c'est super symbolique pour nous, c'est une part du rêve qui se réalise… tu nous aurait dit ça il y a cinq ou six ans, on y aurait pas cru !
H-Kayne, c'est du marocain et du français : Etant donné qu'une de nos priorités est d'exporter notre musique, de la faire écouter au maximum de monde, notre second terrain à attaquer après le Maroc, c'est bien évidemment la France.
Ça commence, et ça commence très bien : Première date au Bataclan, en première partie de Dub Incorporation, groupe qui a déjà fait ses preuves et qui a désormais un bon public derrière lui. Le Bataclan était d'ailleurs complet...ça s'est vraiment très bien passé pour nous : Le public a été réactif, tout le monde a eu l'air d'apprécier, et nous encore plus ! On est encore dans les vaps, on revoit les images défiler… C'est pour vous dire à quel point on est contents !
On espère surtout que cette expérience ouvrira les portes à d'autres groupes marocains, de rap ou autre, pour que la musique de notre pays soit enfin exportée, et que l'on montre au monde qu'au Maroc il y a une nouvelle vague qui arrive, une nouvelle mentalité, de nouveaux genres de musique… Une nouvelle jeunesse qui s'exprime.
Othmane : C'est vraiment une grande fierté pour nous, vu qu'il y a encore cinq ans on en parlait dans une piaule de trois mètres sur deux, et là ça se réalise, et on ne réalise même pas encore… En tout cas, l'impact est présent.
Comment s'est fait la rencontre avec Dub Incorporation? Comment en êtes-vous arrivés à collaborer ensemble?
Dj Khalid : À l'origine, la rencontre s'est faite dans le cadre du festival Garorock en avril dernier… Deux personnes sont principalement importantes pour cette arrivée à Paris : Momo Merhari (qu'on n'a plus besoin de présenter)et qui nous a mis sur le plan d'une date à l'étranger ,et Ludo, l'un des organisateurs du festival Garorock, que l'on se doit de citer et à qui l'on doit beaucoup. Suite à ce premier show en France où étaient présents plusieurs tourneurs, une agence française assez conséquente, " à Gauche de la Lune" nous a repéré et a pris contact avec nous : Nous pensions commencer notre travail avec eux courant 2007, et voilà qu'on reçoit un coup de fil il y a de ça deux semaines nous proposant 3 dates en première partie de Dub Incorporation… C'est donc grâce à l'agence " à Gauche de la Lune" que nous avons pu faire cette tournée avec ce groupe qu'est Dub Incorporation et qui a déjà réussi à conquérir les publics français et européen.
Appréhendiez-vous cette tournée avant d'arriver? Quel bilan pouvez-vous en dresser maintenant?
Hatim : Bien sûr qu'on avait certaines appréhensions, on avait les boules! On est habitué à jouer au Maroc, devant un public qui donne autant qu'il reçoit, qui connaît nos paroles par cœur, qui nous soutient à fond et qui bouge bien sur notre musique… En France, nous n'avions que l'expérience Garorock. Sauf que là, nous étions programmé en première partie, les gens ne viennent pas vraiment pour nous voir, le public ne nous connaît pas… On est partis de l'idée qu'il fallait s'imposer sur scène, puisqu'on arrive en leur proposant un style qui ne leur correspond pas forcément, ces gens là venant écouter Dub Inc, écouter du Reggae, du Raggae, de la fusion… Sans parler du fait que cette tournée s'est concrétisée presque par hasard, et que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour que ça se passe super bien: Ramadan, pas de réelle promo ici en France pour nous annoncer, pas encore de réel public. Aussi, notre musique est faite de 70% de dialecte marocain, la barrière de la langue aurait pu être problématique… Mais hamdoullah, les gens ont ressentis à travers notre musique et notre énergie que nous étions là pour transmettre des ondes positives, que ce n'est pas de la comédie, qu'on ne fait pas semblant… On est là, on se donne à fond comme on sait le faire et comme on a toujours fait, ils ont vu le bonheur que ça nous procure d'être ensemble sur scène, et ils nous l'ont très bien rendu.
Othmane : Il n'y a pas eu de promo pour l'arrivée du groupe vu que nous étions dans le doute jusqu'à la dernière minute : Nous n'avons reçu nos visas que la veille de notre départ ! Donc tout s'est joué en un laps de temps assez court, ça s'est quasiment fait en vrac : Surprise donc pour le groupe autant que pour le public, qui ne savait pas que nous allions être sur scène en première partie. Mais franchement, le feeling est bien passé, le concert de même, hamdoullah.
Vous avez autoproduit votre premier album, le second est désormais en vente même en France ! Pouvez-vous nous dresser un bilan de votre parcours, de votre premier passage au boulevard des jeunes musiciens à aujourd'hui?
Dj Khalid : Beaucoup d'étapes, de sueur, de fatigue et de galères… C'est juste que depuis le départ on croit énormément à ce qu'on fait. En toute modestie, c'est le parcours lambda de n'importe quel artiste, n'importe quel groupe dans le monde… Pourquoi pas celui d'un groupe de rap marocain ! D'être distribué à la Fnac est une chose bénéfique pour nous, mais il faut surtout que l'on continue à avoir un réel appui du pays et des gens qui croient en nous ici en France et qui nous permettent de continuer à réaliser ce rêve commun que nous avons. Pour l'instant notre satisfaction est indéniable.
Hatim: Premier album, autoproduction : On l'a dit et répété, on l'a fait nous même, personne n'a réellement cru en nous à nos débuts, sauf quelques amis et graphistes qui nous ont aidé, non par charité, mais parce qu'ils ont vu un potentiel, un truc qui se dégageait de notre musique : C'est grâce à cela qu'on a réussi à tourner un clip gratuitement, par exemple. Le fait que l'on sorte un album a attiré une maison de disques, la première au Maroc en l'occurrence, Platinium Music. On voulait enregistrer notre second album dans de bonnes conditions : Il a d'ailleurs été mixé et masterisé en France. Comme l'a dit Khalid, c'est le parcours normal d'un groupe ou d'un artiste.
Mais on préfère ne pas se lancer dans des prévisions inutiles : Qui sait, on refera peut-être de l'autoproduction ! Ce qui est sûr c'est que les conditions seront meilleures puisqu'on a désormais l'expérience et un peu plus d'argent pour nous permettre si on veut de nous auto produire. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'est passé énormément de choses qui nous ont propulsé entre 1Son2BledArt et HK 1426, et ceci notamment grâce à Platinium.
Vous êtes l'un des premiers groupes marocains à être exporté à l'étranger… Pensez-vous que votre attitude ait changé ou avez-vous tendance à garder encore plus d'autocritique?
Hatim : On est les mêmes, on change pas ! Je suis ici comme je suis sur scène et comme je suis avec quelqu'un que je ne connais que depuis deux jours ou depuis dix ans, ça nous apporterait rien de se la péter! Il y a un changement professionnel, certes, on arrive à mieux gérer notre boulot, on a plus le souci professionnel qu'auparavant. Mais par rapport à notre entourage on ne change pas, et même si on le voulait, ce serait impossible ! Notre vie n'a pas changé, on a pas plus de sous qu'avant ou je ne sais quoi, c'est la même ! Au Maroc on a parfois tendance à croire que si on a une date prévue en France, c'est qu'on reviendra blindés d'argent… Il ne faut pas oublier qu'H-Kayne jusqu'au jour d'aujourd'hui, c'est tout pour la promo ! On ne prend rien sur tout ça, on se sacrifie pour cette musique… Si on ne voulait que les sous, on aurait fait de la pop ou de la techno, on aurait choisi la facilité…Le rap marocain n'est pas ce qui apporte le plus d'argent dans le milieu musical, loin de là ! Ce n'est ni pour avoir un statut de star, ni pour avoir de l'argent que l'on fait du rap, c'est simplement parce qu'on aime ce qu'on fait.
Dj Khalid : Pour en revenir à la question, la critique au sein du groupe reste permanente : On investit tout dans la promo, comme l'a mentionné Hatim. Artistiquement on reste les mêmes, mais en essayant d'être toujours un cran au dessus: On est très critiques entre nous, on s'écoute beaucoup, pour sans cesse améliorer notre musique, nos paroles, tout ce qui peut produire un meilleur résultat. C'est ça, la recette d'H-Kayne : On dresse un bilan réaliste de la situation, on ne se contente pas de se dire qu'on a fait des spots publicitaires ou qu'on a sorti un album avec la première maison de disques au Maroc, qu'on fait des dates en France et que ça voudrait dire qu'on est arrivé à un certain niveau. Non, tout ça est dans la route normale qu'on doit parcourir, on ne l'oublie pas, et ça alimente notre propre esprit critique. On est avides de critiques positives concernant le groupe, on écoute et on prend de notre public : C'est quand même grâce à lui qu'on existe, on tient en compte de ce qu'il aime ou n'aime pas, pour pouvoir offrir du vrai H-Kayne.
Othmane: On n'essaye pas de brûler les étapes, et si on veut atteindre une certaine notoriété ce sera petit à petit, comme nous l'avons fait au Maroc. Il n'y a aucune raison plausible pour nous de prendre la grosse tête.
Quel genre de public vouliez-vous, voulez-vous toucher en France?
Dj Khalid : Il n'y a aucune spécificité à l'origine concernant notre public : il est vrai que via le plan de Momo au Maroc, nous avons été dirigé vers un certain genre de public, un public de festival français : Un public large, mélangé et diversifié, où l'on retrouve des jeunes de 14 ans comme des personnes de 30,40 ou 50 ans.
Hatim : Pour moi, c'est le même public que nous avons l'habitude de rencontrer au Maroc: Tout le monde est présent, de 7 à 77 ans ! C'est ça H-Kayne, on ne veut pas se confiner, chercher à toucher un seul genre de public. Le tout est de faire de la musique sans calculer : ça passe ou ça casse, et pour le moment, ça passe. Concernant ces 3 dernières dates, Khalid l'a bien dit, c'était un public de festivaliers français : Nous n'avions pas en face de nous que des marocains, ou que des immigrés, c'était un public qui n'avait rien à voir avec la conception commune que l'on se fait d'un public rap. C'était vraiment un public éclectique.
Dj Khalid : Même si H-Kayne arrive en France par la voie des festivals français, ça ne veut pas dire que le groupe restera cantonné à ce type de public-là : La musique d'H-Kayne peut fidéliser n'importe qui, que ce soit un mec amoureux de rap français ou autre… Le tout est de faire les choses graduellement : Il faut rappeler que le marché de la musique en France est établi et est presque en saturation. Nous comptons puiser dans l'originalité de notre musique pour avoir un public aussi large que possible! Le troisième album pourrait toucher un public friand de rap français, un public amateur de reggae, un public de festivaliers, etc. La musique d'H-Kayne est large et positive, comme la musique reggae, le hip-hop… C'est être sur scène et passer de bons moments avec les personnes présentes.
Musicalement parlant, pensez-vous puiser dans d'autres influences pour toucher un public plus large?
Hatim : C'est exactement ce qui s'est passé durant cette tournée avec Dub Incorporation, nous n'avons pas eu de mal à les accompagner sur un morceau reggae/dance-hall…Nous sommes ouverts à tout genre de musique ! Musiques indienne, arabe, américaine… Nous écoutons vraiment plusieurs styles de musique, à quelques exceptions près (musiques extrêmes, techno, etc.). Nos influences se fondent dans celles des artistes que l'on côtoie, à l'exemple de notre rencontre cet été avec Babylon Circus durant le festival de Casablanca qui ont joué l'instru d'Issawa Style lorsque nous partagions la même scène… Ce sont des mélanges qui nous intéressent.
Notre troisième album sera vraiment à l'image de nos différents penchants musicaux : On y retrouvera autant de featurings rap purs et durs que de clins d'œil reggae, raï… Notre but est de faire de la musique qui touche. Ce n'est pas le fait d'être arrivé en France qui nous a poussé dans ce sens-là, c'est une envie qu'on a depuis longtemps, celle de toucher à d'autres secteurs musicaux.
Azzedine : Il faut nuancer : On ne compte rien changer à notre musique, on va ajouter un plus à ce qu'on fait déjà. On reste fidèles à nous-mêmes, à notre musique, en l'enrichissant.
Votre contrat avec Platinium Music tient-il toujours?
Hatim : Nous sommes officiellement toujours sous contrat avec Platinium, c'est eux qui ont produit notre deuxième album, je ne vous parlerai pas des clauses du contrat parce qu'elles sont confidentielles… Donc oui, notre contrat tient toujours, mais ça ne fait pas de nous des prisonniers d'une maison de disques, des salariés de Platinium… H-Kayne est et restera un groupe indépendant, nous avons toujours le contrôle sur notre musique, si nous prend l'envie de travailler avec quelqu'un d'autre, on le fera… Nos rapports avec Platinium Music sont d'abord des rapports humains, ce sont des gens qui nous ont promis des choses et qui comme n'importe quelle maison de disque, n'ont pas pu réaliser toutes leurs promesses, mais c'est tout à fait normal… Pour en revenir à la question, oui, H-Kayne est toujours signé chez Platinium.
A quand de prochaines dates pour H-Kayne, et à quand un nouvel album?
Hatim : Pour le prochain album, il faudra attendre l'année prochaine… Il y a un projet DVD en attendant, qui montrera H-Kayne sur scène et où on retrouvera toutes les grandes dates que l'on a faites en France et au Maroc, des clips, des bonus, des séances studio… Il y a des gens qui écoutent notre musique mais qui n'ont jamais pu nous voir en live, parce qu'ils habitent dans des villes excentrées, etc. H-Kayne est un groupe de scène, ce qui explique que les gens qui écoutent notre musique nous apprécient encore plus après nous avoir vu donner un spectacle ! Donc cet album est essentiellement dédié aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer à Casa ou Meknes par exemple. Une prochaine tournée en France, plus longue cette fois-ci est programmée pour début 2007.
Pour ce qui est du 3ème album, prévu pour 2007, on est déjà à fond dedans : Nous nous sommes directement lancés après la sortie du deuxième. Pas matériellement, mais plutôt en réfléchissant aux les thèmes dont on va traiter, le nom,la forme qu'il va avoir, les titres des morceaux, les influences dans lesquelles on va puiser… Il y a déjà des instrus, quelques paroles, mais rien de réellement définitif pour le moment. Mais surtout, on promet que ce sera le meilleur album d'H-Kayne par rapport à ce qui a déjà été produit, le plus long aussi puisqu'on envisage d'en faire un double album, pour que ça nous permette d'explorer plus d'influences, d'ambiances, plus de featurings, plus de participation extérieure, et de faire du H-Kayne comme on l'a toujours fait.
On espère aussi que d'ici là il y aura du changement dans l'air : Faire un album et voir que ça part monstrueusement en piratage, c'est peut-être un problème mondial mais ça n'est pas aussi présent qu'au Maroc : On a tourné en France, mais on ne trouvera jamais sur le net ou en vente des cds piratés de nos concerts ! Il faudrait que le gouvernement marocain instaure des lois contre tout ça parce que sinon ça ne décollera jamais… C'est aussi dans ce sens-là que nous demandons le soutien du public. On promet donc pas mal de feats et beaucoup de surprise pour ce troisième album.
Le mot de la fin?
Dédicace à tout ceux qui veulent faire avancer positivement le mouvement de rap au Maroc, tous les gens qui font ça avec cœur et amour,ceux qui font de la musique pour l'amour de la musique,ceux qui ne sont pas là pour jouer un rôle… Dédicace donc à tous ces groupes, breakers, Mc, Djs qui se reconnaîtront… On rappelle que le Hip-hop qu'on connaît a pour message Peace, love et unité ! On espère que cette philosophie s'instaurera petit à petit dans le rap au Maroc, que l'on continue à dénoncer mais sans pour autant qu'il y ai de guerre des clans, qu'il y ai un échange positif entre les groupes. Plus on est nombreux et plus on travaillera ensemble, mais si on n'arrête pas de se clasher, de se tirer dans les pattes pour des broutilles, le rap marocain ne fera pas long feu.
Merci à l'équipe de Raptiviste qui fait avancer le mouvement, et grands remerciements pour cette tournée à "A gauche de la Lune", notre tourneur en France; à" Pure Production" au Maroc, à Ludo et au festival Garorock, à Momo et au boulevard des jeunes musiciens à Casablanca.
Site officiel de H-kayne, photo de H-kayne, music de H-kayne, chanson de H-kayne, album de H-kayne, clip de H-kayne, video de H-kayne, parole de H-kayne, musique de H-kayne
Chanson de H-kayne - mp3 - Ecouter Nouveau Album 2007 - paroles chanson - clip video de H-kayne - mp3 - Télécharger Mp3 gratuitement - musique H-kayne -site officiel de H-kayne - mp3 -Skyblog de H-kayne - mp3 -